RECHERCHES SUR MOLIÈRE. 17

n'y a oublié ni « les boules de buis » qui servaient sans doute de jouets aux enfants, ni la « paire de verges » destinée à les corriger.

Après avoir lu cet inventaire, si Ton se reporte à celui fait trente-sept ans plus tard chez Jean Poquelin *, qui n'était plus alors, ii est vrai, qu'un vieillard morose et solitaire, on est frappé du contraste; en 1632 tout chez lui respire l'aisance, le hien-être, l'intelligence; en 1669 les meubles, les vêtements, les papiers indiquent la négligence, l'abandon de soi-même, le désordre des affaires, et Ton ne trouve pas trace d'un seul volume imprimé. C'est donc de Marie Cressé que Molière tenait son esprit élevé, ses habitudes somptueuses et simples à la fois, sa santé délicate, son attrait pour la campagne hors de Paris, et désormais la mère de Molière, restée inconnue jusqu'à ce jour, aura sa place bien marquée dans les commencements de la vie de son premier-né.

Un an après la mort de Marie Cressé, Jean Poquelin contractait, le 30 mai 1633, un second mariage avec Catherine Fleurette², et, le 30 septembre de la méme année, il achetait une maison située sous les piliers des halles⁸. Telle est l'origine de la tradition relative à la maison natale de Molière, tradition dont Beffara avait déjà victorieusement démontré l'erreur \ Le contrat de vente constate que la maison acquise par le père de Molière se trouvait « devant le pilori, » et qu'elle avait depuis longtemps pour enseigne l'image de saint Christophe ; la façade se trouvait du côté des halles ; le derrière de la maison aboutissait « à la maison de la Fontaine, » et elle était enclavée entre deux autres maisons, Tune appartenant aux héritiers Larger, l'autre désignée sous le nom de maison du Cheval blanc. Jean Poquelin mourut en 1669 dans cette maison, et d'après son acte de décès Beffara en a conclu qu'elle

1. Document n° XXXVII.

2. Dissertation sur Molière, par Beffara, page 7.-3. Document n° III. 4. Page 9 de sa Dissertation et dans la Revus rétrospective^ tome I, p. 394,

1833, in-8.